Extrait de “Le Blason & ses secrets”
© Frédéric Luz, 1995-2018
Il n'est pas courant dans les sites traitant d'héraldique de voir aborder la question du bon usage des armoiries par nos contemporains. Si les communes et les sociétés commerciales usent sans réserve
de leurs armoiries, et ce sur tous les supports imaginables (du papier à en-tête à la poubelle municipale, en passant par la boîte de camembert), le particulier, lui, hésite à arborer une marque
parfois assimilée à un certain snobisme.
Cependant, un blason peut-il se concevoir autrement que porté? C’est sans doute la seule manière de maintenir l’héraldique vivante et de ne pas l’enfouir sous la poussière des bibliothèques ou des
cabinets d’amateurs.
Si l’on ne fait plus guère usage de nos jours de boucliers (exception faite des Compagnies Républicaines de Sécurité...) il est mille façons de faire usage, dans la discrétion et le bon goût, de ses
armoiries. Le propre du blason est en effet de pouvoir être “conjugué” sur une infinité de supports.
La vaisselle qu’elle soit d’étain, d’argent, de porcelaine ou de cristal a, depuis le Moyen Âge, été pour les graveurs et les peintres un espace privilégié sur lequel exercer leur art. Il n’était pas
exceptionnel dans les familles quelque peu aisées que l’on timbra des batteries entières de cuisine aux armes.
On retrouvait aussi les armoiries familiales sur le linge de maison, sur les plaques de cheminées, sur les meubles ou sculptées dans la pierre.
Un tel déploiement armorial, si merveilleusement somptueux, ne se conçoit plus guère aujourd’hui. Il reste heureusement pour nos contemporains de nombreux champs d’application “domestique” du
blason.
Les peintures d’armoiries sur papier, sur parchemin ou sur bois restent des éléments décoratifs de prestige, au charme inimitable et à la portée de toutes les personnes de goût. Les Suisses prisent
fort, quant à eux, les petits vitraux armoriés.
L’Ex-Libris, dont l’usage est fort ancien (Albert Dürer, au XVIème siècle, en réalisa un grand nombre), permet au bibliophile de personnaliser tous ses livres. Le motif principal de cette marque fut
pendant de longs siècles presque exclusivement le blason. Le XIXème siècle vit apparaître des motifs non-héraldiques, mais depuis quelques années on observe un regain d’intérêt certain pour
l’Ex-Libris armorié. L’Ex-Libris peut prendre la forme d’une vignette imprimée, mais aussi celle d’un cachet à encre ou d’une pince à gaufrer.
Les papiers à lettre et les cartes de correspondance peuvent être imprimés aux armes. Celles-ci doivent figurer seules (sans nom ni adresse) en haut de la feuille, centrées ou placées sur la gauche.
Le motif ne doit pas dépasser trois centimètres de haut (au-delà de cette taille on aborde le domaine de l’en-tête commerciale). L’impression se fait avec une encre de couleur sombre (noir, sépia,
bleu nuit ou gris foncé). La technique de l’impression en relief, par gaufrage, est sans aucun doute à la fois la plus discrète, la plus prestigieuse et ... la plus coûteuse.
L’usage de l’anneau sigillaire armorié ou chevalière (appelée aussi parfois chancelière) remonte sans aucun doute à la plus haute antiquité. Les souverains s’en servirent souvent comme
contre-sceau. Le nom même de chevalière vient du fait que les chevaliers recevaient au jour de leur adoubement un anneau d’or comme symbole de leur rattachement à l’initiation chevaleresque.
L’usage de la chevalière armoriée s’est particulièrement développé depuis le XIXème siècle prenant progressivement le pas sur les cachets-pendreloques que l’on portait en pendentif ou au gousset. La
chevalière armoriée permet aujourd’hui de porter réellement son blason et l’on voit réapparaître depuis quelques années un engouement certain pour ce type de bijou. La chevalière en or jaune ou gris,
dont le plateau peut être ovale, rond, carré ou rectangulaire (il s’agit là d’une question de goût et de mode) se porte à l’annulaire ou à l’auriculaire.