héraldique, science Blason, art Blason
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Frédéric Luz Héraldiste
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Petite Histoire de l'Héraldique

 

Extrait de “Le Blason & ses secrets”
© Frédéric Luz, 1995-2018

 

L'origine des armoiries est avant tout chevaleresque et c'est vraisemblablement au XIIème siècle que les premiers écus "héraldiques" sont apparus aux mains de nobles seigneurs mais il est évident que bien avant cette naissance on trouvait sur les boucliers des guerriers ou chevaliers ces figures originelles qui remontent à l'aube des temps. Chez les Grecs et chez les Romains on retrouve de ces représentations allégoriques d'animaux, de figures géométriques qui, bien que nous en ayons perdu la signification semblent aussi être régies par des lois de même nature quel'héraldique. De plus, il est vrai que le Blason a des origines orientales : ainsi l'Azur qui désigne le bleu est en fait dérivé du nom arabe de cette couleur. Il y eu une héraldique arabe et ottomane, et aussi japonaise (les "môns")

Personnel à l'origine, le blason représente les caractéristiques les plus hautes et les qualités spirituelles les plus nobles du chevalier. Cette représentation est alors éminemment symbolique : Le lion (emblème de saint Marc) symbolise la force; l'aigle (emblème de saint Jean) représente une certaine altérité, l'intellectualité et la spiritualité; etc. La loi héraldique voulait que l'aîné soit le porteur des armes pleines (non modifiées) il devait d'ailleurs être parfaitement digne de ce privilège. Le blason étant transmis de père en fils, on pouvait aussi ajouter à ses propres armes celle d'une terre dont on devenait l'acquéreur, où même simplement d'une terre à laquelle on prétendait. On voit apparaître alors des combinaisons de plusieurs armes dans un même écu, tels que les écartelés (armes d'Espagne ou d'Angleterre). Les rois d'Angleterre prétendant être rois de France, ont longtemps écartelé leurs armes avec celles de la France - et ce jusqu'en 1801. A la fin du XVIIème siècle, prétentions, possessions, terres et dignités aidant, le blason pouvait s'agrandir au point de devenir une véritable mosaïque de quinze, vingt, trente ou cinquante parties.

D'abord réservé aux chevaliers, puis aux évêques ou abbés de grandes familles, le port du blason, témoin de la vraie noblesse (les qualités cultivées de génération en génération) fut reconnu aussi aux très grands bourgeois comme Jacques Coeur, ou aux grands artisans devenus maîtres en leur art. À partir du XIIIème siècle, cette pratique s'étend à l'ensemble de la société, jusqu'aux maîtres-laboureurs, aristocrates de la paysannerie, qui participaient eux aussi, à travers les qualités propres à leur métier, à cette Noblesse de coeur qui fit la gloire de toutes les classes de la société traditionnelle médiévale. La noblesse se retrouve, en effet, dans toutes les classes de la société - elle détermine la véritable Élite. Le travail sur les authentiques qualités spirituelles engendra cette sorte de «noblesse universelle » qui vivifiait la société tout entière. Faut- il rappeler que le beau nom de Français vient de franc (libre) et que la liberté est une des qualités majeures de la vraie Noblesse?

Le blason a dégénéré dans son graphisme du Moyen Age au XVIIIème siècle. On passa ainsi peu à peu du lion superbe et flamboyant à une espèce de "caniche" qui n'avait hélas plus rien à voir avec la noble science et avec l'art traditionnel. À la fin du XVIIIème siècle, dans la mentalité collective, le blason n'était plus qu'un signe nobiliaire purement décoratif et ce sont les Trois Ordres réunis qui, en 1789, à la demande du Duc de Montmorency, décidèrent de l'abolition des armoiries, au même titre que tous les autres "privilèges" et marques de distinction. Il s'en suivit un "massacre" héraldique d'une virulence inouïe: les parchemins furent jetés au feu et les armoiries grattées ou martelées sur tous les objets ou monuments, de la petite cuillère au fronton de château... Napoléon ne devait plus tard relever l'usage des armoiries qu'au bénéfice de la seule noblesse d'Empire: et telle est l'origine d'un préjugé durable qui assimilait le blason et le port des armes à l'aristocratie de sang.

 

En fait l'usage des armoiries est aujourd'hui entièrement libre et tout homme de qualité peut rechercher ou créer son blason. Pour retrouver avec une certitude absolue les armoiries de ses ancêtres il faudrait établir une généalogie familiale complète. Mais un tel travail, s'appuyant sur un dépouillement systématique des registres paroissiaux et de l'état civil, peut s'avérer fort coûteux et surtout très long. Il est souvent nécessaire d'envisager de nombreuses années de recherches et tout le monde n'a pas ni le goût et ni le loisir de mener jusqu'à son terme ce travail de bénédictin.

Les recherches purement héraldiques consistent à effectuer de patientes investigations dans les armoriaux. Ces recueils de blasons familiaux aux références généalogiques par trop succinctes, constituent un outil précieux pour tous les "quêteurs d'armoiries". Les bibliothèques publiques possèdent souvent les "grands classiques" en ce domaine: L'Armorial Général Européen de J.B. Rietstap (La Haye 1884) et ses suppléments par Rolland (en tout 14 volumes), le Grand Armorial de France de Jougla de Morenas (7 volumes), les ouvrages reproduisant certaines généralités de l'Armorial Général de d'Hozier (1696)...
A partir du patronyme de la famille, de son origine géographique et de quelques éléments de généalogie ou d'histoire familiale ( fonctions ou métiers traditionnels) il est possible d'aller à la recherche de vos armoiries à travers les milliers de pages de quelque bonne bibliothèque héraldique. Cependant les pièges se dresseront nombreux et parfois pernicieux sur votre chemin. Il faudra éviter par exemple les chausse-trappes de l'homonymie (plusieurs familles portant le même nom mais sans rapports généalogiques réels entre elles) ou les inévitables et exaspérantes variations orthographiques. A vrai dire seules une solide expérience et une bonne connaissance des règles de l'étymologie peuvent vous permettre de venir à bout de ce genre de difficultés.

On ne peut s'attribuer les armes pleines (sans modifications) d'une famille dont on ne serait pas un descendant direct ou même mieux l'aîné porteur du nom. Il ne suffit pas, en effet, de retrouver un blason Durand en France, Smith en Angleterre ou Gonzalez en Espagne et de se l'attribuer sans autre forme de procès... Car c'est bien à des poursuites judiciaires que l'on peut s'exposer. Certes, les procédures pour usurpation de blason sont peu fréquentes, mais le droit en la matière est bien établi: les armoiries, comme le patronyme sont la propriété expresse d'une famille donnée et nul ne peut se les approprier sans prouver de façon certaine l'antériorité de leur possession.
Il convient donc, afin d'éviter de fâcheux "doublons" (plusieurs personnes portant le même blason) d'introduire, une fois les armes retrouvées, des modifications de détail dans la composition (changement d'une ou plusieurs couleurs - si possible rares comme le pourpre ou le sinople -, ajout d'une pièce honorable ou de quelque meuble rappelant les traditions familiales).
Cette démarche absolument traditionnelle appelée "brisure" consistait pour les cadets à modifier systématiquement les armes de l'aîné porteur du nom; elle ne peut cependant s'appliquer que lorsque l'on possède une présomption suffisante quant à son lien de parenté possible avec la famille qui porta la première ces armoiries. Ainsi, M. Trémouille évitera-t-il de s'attribuer, avec seulement quelques modifications minimes, les armoiries des Ducs de La Trémoille...


Lorsque les recherches héraldiques s'avèrent infructueuses, ou lorsque elles aboutissent mais que l'on ne "se reconnaît" pas dans un blason "historique", on peut procéder à une création d'armoiries. On en distingue de deux sortes: les armes parlantes et les créations pures.
Les armes parlantes, appelées en anglais canting arms (armes "chantantes"), transcrivent en mode héraldique la signification étymol ogique du patronyme: les Lefebvre ou Lefièvre pourront ainsi porter fers à cheval ou enclumes, les Bosc un chêne ses feuilles ou ses fruits, les Borie une ferme ou un pigeonnier, etc.... Ces armes parlantes peuvent prendre aussi parfois l'allure d'un jeu de mot à la fois phonétique et symbolique, cependant il ne faut pas abuser de cette méthode qui peut dans certains cas, confiner au ridicule. Il doit exister un lien réel entre l'harmonie générale de la composition héraldique et la signification la plus profonde et, pourrait-on dire, "totémique" du nom. Une solide connaissance des principes de l'étymologie ou le recours à un spécialiste paraissent souvent indispensable.
La création pure et simple d'un blason est tout à fait légitime: l'héraldique étant une science vivante, il est parfaitement normal que de nouvelles armoiries voient le jour. Il convient là aussi de rester vigilant quant aux fautes, non seulement contre les lois du Blason, mais aussi contre les règles du bon goût. On évitera ainsi sans hésitation les meubles "modernes", c'est-à-dire tous les objets ou signes issus de la Modernité: les automobiles, les aéroplanes, les paquebots et autres parachutes... L'Aviation peut être représentée par des ailes, la Marine par une nef, une ancre ou un gouvernail, etc. Il existe toujours un meuble traditionnel pouvant représenter une réalité contemporaine.

Concernant les lois et usages de l'héraldique qu'il est indispensable de connaître avant d'envisager de créer ses propres armoiries on se reportera à un bon manuel d'héraldique.


Les armoiries ne sont pas de simples rébus, synthétisant l'état présent des passions et distractions d'une personne ou d'une famille, leur but ultime est bien plutôt de symboliser des réalités plus profondes. Les personnes qui éprouvent le besoin de porter un blason sont d'ailleurs elles-mêmes, et presque de par ce simple désir, en-dehors et au-delà des remous de la modernité. Elles sont d'ailleurs peu nombreuses par rapport à la masse, comme la qualité l'est par rapport à la quantité. L'héraldique peut ainsi devenir une sorte de mode de ralliement et de résistance contre certains aspects délétères déshumanisants d'une certaine modernité.